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Archives-Reflexions

En quoi la mort de Jésus est-elle une bonne nouvelle ?

 

 

Thèses classiques, mais problèmatiques

La thèse sacrificielle traditionnelle plaît ou ne plaît pas, mais on n'est pas contraint de s'en contenter. Ce que l'on a enseigné longtemps, c'est que la mort de Jésus est le prix payé à Dieu pour notre libération et le pardon de notre faute, Jésus offert en « rançon » pour nous.

Cette thèse est difficile à admettre, en général on ne paye des « rançons » qu'à des gens peu sympathiques, et l'idée d'un Dieu qui exigerait la mort sanglante d'un innocent pour pouvoir nous sauver ou nous pardonner pose problème. Ou Dieu veut nous pardonner, ou il ne veut pas, et s'il le veut, pourquoi ne voudrait-il le faire qu'au prix de la mort de son propre fils ?

Ensuite dans les thèses classiques à problèmes, est celle que Jésus « enlève le péché du monde ». C'est la théorie du « bouc émissaire » : Jésus se chargerait de tous nos péchés, et en mourant les emmènerait dans le néant avec lui. Comme la lessive qui capture les particules de saleté dans le savon pour les entraîner, lors du rinçage dans les égouts, mais c'est une mécanique un peu trop primitive pour être vraiment adéquate à l'amour de Dieu. L'Agneau de Dieu n'« ôte » pas le péché du monde, il le « porte » (Jean 1,29 et Esaïe 53), il « prend » sur lui le péché, Jésus a dû, en effet, supporter la bêtise et la méchanceté du monde qui est retombée sur lui.

Mais si Jésus n'est, ni une rançon payée à un malfaiteur, ni une lessive qui lave nos fautes, alors que nous apporte sa mort ?

 

Sommes nous sauvés malgré la mort de Jésus ?

Certains disent que ce qui nous sauve, ce n'est pas tant sa mort que sa vie, sa prédication, parce qu'il nous a fait connaître le Père, sa volonté à notre égard et son amour, nous serions ainsi sauvés plus malgré sa mort que grâce à elle. L'essentiel du Christ, c'est qu'il est la parole incarnée, c'est son témoignage, son Evangile, c'est cela qui nous donne la vie, et c'est pour cela que Dieu l'a envoyé dans le monde. Sa mort est ainsi plutôt comme un échec : on aurait pu espérer que le monde l'écoute et se convertisse, au lieu de cela, il l'a rejeté et tué.

Dans ce cas, la mort de Jésus n'aurait de sens que par rapport à la résurrection : Dieu ne reste pas sur les échecs, mais il parvient à les transformer en chances. La résurrection, c'est la victoire du Christ sur la mort : ses opposants pensaient qu'en le tuant ils arrêteraient tout, et que Jésus cesserait d'être pour l'humanité, mais voici qu'au contraire, son message, son esprit traversent et transcendent la mort qui n'arrête rien du tout d'important. L'essentiel traverse la mort, et malgré cette mort physique, Christ continue son œuvre de vie dans le monde, d'être présent aujourd'hui parmi nous et dans nos cœurs.

 

Le positif de la mort de Jésus

Mais il y a du positif tout de même dans la mort de Jésus. D'abord en ce que c'est un témoignage d'amour pour nous. Jésus aurait pu échapper à la mort en reniant son message, mais il a voulu aller jusqu'au bout... pour nous. Sa mort est donc signe de conviction, et plus encore du fait qu'il s'est offert pour nous. On peut ainsi garder la notion de « sacrifice », mais ce sacrifice nous est offert à nous, pas pour acheter Dieu.

Jésus savait, bien sûr, que sa vie était le prix à payer (à la méchanceté du monde) pour pouvoir accomplir sa mission jusqu'au bout, et il l'a assumé. Ce n'est pas mécaniquement sa mort qui nous sauve, mais, sans elle, son message ne nous serait même pas parvenu.

Et puis sa mort est l'application de son évangile. Jésus nous a appris qu'il y avait plus important que la vie physique et son petit confort : se donner aux autres, et il l'a fait lui-même, montrant la cohérence de sa vie par rapport à son message.

Et enfin, il a enseigné qu'il y avait au delà du corps une part de nous qui était éternelle, part faite de l'amour que nous partageons, de ce que nous avons donné, du sens de notre vie. Mis au pied du mur, de choisir entre sa vie physique et le sens de sa vie, il choisit le sens. Et voici que la suite de l'histoire, le commencement de l'Eglise, et le fait que nous en parlions encore aujourd'hui, lui donne raison : la mort physique n'était pas grand chose de désastreux en fait. Sa mort et la conscience de sa résurrection par les chrétiens est donc la preuve absolue de la véracité de son message, sans cela, nous ne pourrions en être vraiment sûrs.

Ainsi par la mort et la résurrection du Christ, nous savons qu'il était la Parole qui demeure éternellement, et que cette parole est une parole d'amour, de grâce et de pardon, ainsi sommes-nous certainement sauvés, il l'a dit et nous en avons la preuve, et sommes nous aimés, et sauvés aussi de la peur et de l'absurde.

 

Louis Pernot.