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Faut-il vraiment croire à la résurrection ?

 

Faut-il vraiment croire à la résurrection ?

 

Tout le monde dit que la foi dans la résurrection du Christ est la croyance fondamentale du christianisme. Mais qui croit que le corps de Jésus aie pu revenir à la vie physiquement ?

« Christ est ressuscité », c’est le cri de guerre des chrétiens, et c’est juste, mais il ne faut pas croire n’importe comment. La vérité, c’est qu’il ne faut pas confondre « résurrection », et « apparitions ».

Résurrection ne veut pas dire apparitions

Réduire la résurrection aux apparitions des 40 jours suivant la mort du Christ serait une grave erreur théologique.

D’abord parce qu’on peut très bien croire que Christ est ressuscité sans s’obliger à croire à des apparitions miraculeuses dont on peut douter de l’historicité, et ensuite parce que ce serait affaiblir considérablement le message et nous couper de la Bonne Nouvelle.

Si en effet, la résurrection du Christ, ce sont ses apparitions, alors elle ne nous concerne pas, puisque nous ne vivons pas à l’époque de ces événements, et que nous n’attendons pas aujourd’hui croiser Jésus en chair et en os.

La Bonne nouvelle, ce n’est pas : « Christ a été ressuscité pendant 40 jours puis plus », mais « aujourd’hui, ici, Christ est ressuscité, il est vivant pour vous, et il peut être présent là, où vous êtes, chez vous, à votre travail, dans votre famille, partout... »

Pâques, ce n’est donc pas la célébration des apparitions, mais celle de la résurrection, on peut croire à l’une sans croire aux autres et réciproquement.

La présence du Christ ressuscité est spirituelle, pas corporelle

Et il y a bien des éléments dans l’Evangile pour nous inciter à chercher le Christ ressuscité, non pas corporellement, mais spirituellement.

D’abord ce qu’il a dit lui-même : « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matt. 18,20). C’est ce que nous croyons, mais nous n’attendons pas aujourd’hui une présence corporelle, bien sûr.

Et puis, ce que nous enseigne Paul que comme le Christ est ressuscité, ainsi de la même manière nous ressusciterons. Donc la résurrection du Christ à laquelle nous croyons, c’est aussi le modèle de notre propre résurrection. Or aujourd’hui, qui attend de son mort qu’il se relève corporellement trois jours après ? Personne bien sûr. C’est donc que ce modèle de résurrection corporelle du Christ est faux.

Croire ou ne pas croire aux apparitions ?

Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas croire aux apparitions du Christ, certains peuvent y croire, d’autres non et diront que ce sont des expressions imagées de la foi des disciples, cela n’a aucune importance, puisque ce n’est pas là qu’il faut chercher la bonne nouvelle de la résurrection, elle est d’un autre ordre, et la question ce n’est pas « comment est-il apparu ? » : nous n’y étions pas et cela ne nous concerne plus, mais « comment puis-je voir le Christ vivant aujourd’hui ? »

Paul encore, nous dit : « nous regardons non pas aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles, car les choses visibles sont pour un temps, et les invisibles sont éternelles ». (2 Cor. 4,18). Le Christ ressuscité, c’est le Christ qui vit éternellement avec nous, et cela, bien sûr, d’une manière spirituelle. Il est donc une présence spirituelle qui nous accompagne, nous instruit, nous console, nous inspire, une présence invisible et éternelle qui nous est donnée et que chacun peut expérimenter tant qu’il ne cherche pas parmi les visibles celui qui est invisible.

Notre propre résurrection

Et puis la résurrection du Christ, c’est aussi la modèle de ce que nous devons attendre, pour ceux qui nous ont quittés, et pour nous. Là encore, la leçon, c’est que la vie ne se limite pas au visible, mais qu’elle a une dimension transcendante, spirituelle et éternelle parce qu’elle est au delà du matériel au delà du corps qu’il soit vivant ou mort.

La vié éternelle, ce n’est pas pour plus tard, mais une dimension de notre existence que la mort ne détruit pas : « celui qui croit en moi ne mourra pas, il a la vie éternelle » dit Jésus (Jean 3,16).

La mort est impuissante devant l’essentiel

C’est ça la bonne nouvelle de Pâques : la mort n’emporte pas l’essentiel, elle n’emporte qu’une dépouille, de la poussière. L’essentiel, la mort ne peut rien y faire : « ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et qui ensuite ne peuvent rien faire... ». Pâques, ce ne n’est pas des apparitions douteuses, mais une croix vide et un tombeau vide, qui n’ont rien emporté, rien arrêté.

Les disciples vont mettre trois jours à découvrir cela, après avoir été tout tristes, parce qu’ils voulaient garder leur sauveur physiquement avec eux, ils découvrent qu’il est présent, mais autrement, spirituellement, et pour toujours, et qu’ainsi, non seulement nous ne sommes pas tout seuls, mais qu’il nous ouvre aussi un chemin d’espérance pour nous et ceux que nous aimons et qui quittent cette terre.

Louis Pernot