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Archives-Reflexions

Le Saint-Esprit de Pentecôte

 

 Il y a deux choses partagées par pratiquement tous: l'une est de savoir, que la Pentecôte est la fête du Saint-Esprit, et l'autre est d'avoir de grosses difficultés pour savoir ce qu'est le "Saint-Esprit" au juste.

Voyons donc si la Pentecôte peut nous renseigner à ce sujet.

La fête de la Pentecôte n'est pas une invention chrétienne, c'est déjà dans l'Ancien Testament une fête juive, fêtée 50 jours après Pâques pour célébrer le don de la Loi sur le mont Sinaï.

La Pâque juive célébrait la sortie d'Egypte, la libération de l'esclavage et de la mort... mais pour quoi faire ? On se souvient que le peuple à plusieurs reprises a "murmuré" contre Dieu en disant en substance: "à quoi nous servait-il de nous libérer de l'Egypte si c'était pour nous laisser pourrir dans ce désert hostile ?" A cela, Dieu répond en particulier par l'alliance au mont Sinaï et le don de la Loi et de la Bible.

Or il est évident que les premiers disciples célébraient cette même fête de la Pentecôte juive. Eux qui se trouvaient dans la situation du deuil: certes ils avaient confiance dans leur Seigneur, mais il était mort 50 jours plus tôt, et sans doute avaient-ils l'impression de se trouver en plein désert, dans l'aridité, la faim et la soif, bref dans le manque. Ils auraient aussi pu dire à Dieu: "A quoi servait-il de nous envoyer la bonne nouvelle de la libération et de la vie par ton fils, si c'est pour nous laisser maintenant livrés à nous-mêmes dans un monde hostile ?"

N'ont-ils pas vu dans ce peuple errant dans le désert à la recherche d'une terre promise semblant bien lointaine et hypothétique une image d'eux-mêmes ?

Dans ce contexte, la célébration de la fête leur a rappelé les bases de l'espérance du croyant:

- D'abord que malgré les apparences, Dieu n'abandonne jamais ses fidèles.

- Ensuite, que si Dieu a créé Adam en lui donnant son "souffle" (ou "esprit", puisque c'est le même mot) de vie, ce n'est pas pour le lui reprendre, mais il reste la source de toute vie, même dans l'épreuve du désert, du découragement ou de la mort.

- Ensuite qu'il reste toujours présent comme il est apparu à Moïse sous forme d'une "flamme de feu" et qu'il guide ainsi le peuple par une colonne de feu...

- Et enfin que ce Dieu qui les accompagne est un Dieu qui parle, un Dieu de Parole, un Dieu qui est Parole

On peut penser que le rappel de ces vérités essentielles de la foi a mis les disciples dans la disposition d'esprit indispensable pour recevoir cette puissance de Dieu qui est puissance d'esprit et de vie, et c'est dans la communion fraternelle, dans le partage de cette espérance fondamentale qu'ils ont fini par ressentir l'action créatrice de Dieu toujours à l'oeuvre en chacun de nous.

Que cette action soit liée à la Parole (Esprit sous forme de "langues") n'est pas surprenant. C'est le message de l'Ancien Testament, avec le Dieu de Moïse qui parle du haut du Sinaï, et celui du nouveau avec la venue du Christ qui est la Parole incarnée. Mais ce qui est nouveau, c'est que la Parole de Dieu cesse d'être collective pour devenir individuelle. Ce n'est plus une loi pour tous, ce n'est pas un Sauveur pour toute la masse du peuple, mais une langue pour chacun, une parole personnelle qui est adressée en particulier.

Peut-être est-ce cela finalement l'esprit de Pentecôte: prendre pour soi la prédication de l'espérance et de la vie qui a été accomplie par le Christ, accepter ce Sauveur comme le sien propre, et pouvoir s'approprier la parole de Dieu comme un message d'amour adressé personnellement.

Qu'est-ce donc finalement ce Saint-Esprit qui nous est donné ? Tout d'abord la présence même de Dieu, puisque "Dieu est Esprit". Présence personnelle qui est source de Vie. Présence qui nous est donnée par la Parole, présence qui est parole pour nous. Parole de consolation, de force, de courage, et surtout parole qui nous pousse à sortir de nous mêmes pour aller vers les autres et leur témoigner de notre espérance.

Louis Pernot