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56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Faut-il ressusciter les prophètes de malheur ?

 

Cette année, les Conférences de l'Etoile ont pour thème général «..Réinventer la vie..» et elles abordent des thèmes d'actualité et de société.

Nous vivons une époque curieuse qui est celle des ambiguïtés et des armes à double tranchant. Prenons quelques exemples..: le réchauffement climatique risque-t-il de conduire à une véritable catastrophe..?. Certes, c'est possible, mais la lutte contre les dangers d'ordre écologique est peut-être un frein pour l'économie et même la croissance. Or celle-ci est considérée comme une nécessité absolue, même si on ne sait pas si elle ne va pas s'auto-cancériser ou éclater comme une baudruche.

Ainsi, la question fondamentale pour aujourd'hui c'est..: que faire pour éviter les catastrophes écologiques, économiques ou autres..? Faut-il avoir peur de l'avenir..? (C'est le titre de l'une des conférences).

Face à ces inquiétudes et ces incertitudes, les Eglises ont-elles une mission..? Reconnaissons le, leur rôle est bien difficile à préciser.

Aujourd'hui on attend d'elles qu'elles donnent confiance et qu'elles aient un message positif et optimiste. S'ils veulent se faire applaudir, les bons apôtres d'aujourd'hui doivent prêcher..: «..N'ayez pas peur, ayez confiance, gardez l'espérance, tout finira par s'arranger. Ne soyez pas défaitistes, ce serait cesser de croire en Dieu et en l'homme..». Oui, aujourd'hui, les pasteurs et les prêtres sont payés pour être des prophètes de bonheur et de confiance.

Du temps de l'Ancien Testament, il en était tout autrement. Les vrais prophètes étaient des prophètes de malheur. Et Jésus lui-même a proféré des paroles terribles..: «..Homme insensé, cette nuit même tu cesseras de vivre..» (Luc 12:20), «..Si vous ne changez de comportement, vous périrez tous » (Luc 13:5), «..En ce temps là, la souffrance sera plus terrible que toutes.....» (Matt. 24:21), etc...

Ces prophètes de malheur avaient-ils raison de tenir ce genre de propos..?. Jean-Pierre Dupuy (Pour un catastrophisme éclairé, Seuil 2002) répond «..Oui car, dit-il, prêcher la venue du malheur empêche qu'il advienne..». Il s'appuie sur le livre de Jonas. Ce prophète est allé prêcher à Ninive, la plus grande ville de l'époque, bien assise sur son optimisme et sa croissance, et il annonce «..Dans quarante jours, Ninive sera détruite..». Alors, nous dit le livre de Jonas, les habitants de Ninive prirent au sérieux la parole du prophète de malheur. Apeurés et terrifiés, ils changèrent de comportement de manière complète et, du coup, Ninive ne fut pas détruite. Mais, prévient Jean-Pierre Dupuy, pour que les hommes changent radicalement de comportement (ce qui empêche la venue de la catastrophe), il faut qu'ils soient certains que la catastrophe va arriver. Sinon, ils en restent à des demimesures qui restent inutiles.

Aujourd'hui, ce catastrophisme doit-il être prêché..? L'évolution de notre société peut-elle déboucher sur une catastrophe..? Ce sont nos petits-enfants qui, dans cinquante ans, le diront. Mais si c'est oui, ce sera trop tard.

Les pasteurs de l'Etoile doivent-ils et vont-ils se transformer en prophètes de malheur quitte à être chassés à coup de pierres..? Pour le savoir, venez au culte et aux conférences, avec ou sans munitions.

Alain Houziaux