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Mene, tekel, phares

Le festin de Balthasar

Prédication prononcée le 3 octobre 2021, au temple de l'Étoile à Paris,
par le pasteur  Louis Pernot

Le roi Balthasar fait un grand festin, les convives prennent même les vases sacrés, boivent du vin, s’enivrent, et voilà qu’apparaît une main qui écrit sur le mur quelque chose, quatre mots hébraïques qu’il n’arrive pas à lire et qui le terrifient. Ses sages ne parviennent pas à comprendre, et c’est Daniel finalement qui lui dira ce que ces quatre mots mene mene tekel upharsin signifient. Mene mene : compté compté ; tekel : pesé ; et pharsin : divisé. Daniel montre que c’est une mise en garde à l’égard du roi et de son royaume. Compté : tes jours sont comptés ; pesé : tu ne vaux rien ; et divisé ; ton royaume sera divisé.

Ces quatre mots sont tout à fait mystérieux, et semblent dire beaucoup plus qu’il n’y paraît. Au sens où Daniel les explique, la signification semble pourtant assez simple : tu te réjouis, tu banquettes, mais sache que tu ne feras pas forcément de vieux os. Cette façon de jouir des biens de ce monde est donc une forme d’irresponsabilité parce que cela n’empêche pas que toi tu ne vailles rien et que ta vie risque de ne mener à rien. Quelle est donc ta propre valeur ? Compte, soupèse, préoccupe-toi plus de ce que vaux ta vie, plutôt que ce que vaut ton compte en banque, et tes jours sont comptés donc tu vas bientôt mourir, prends garde !

Cette histoire du festin de Balthasar, personne ne prêche dessus aujourd’hui, sauf les évangéliques. Le grand prédicateur américain, Billy Graham, l’a fait bien souvent. Son message se résumait alors à « tremblez pécheurs, la fin est proche ». I l est temps de se convertir, de revenir à Dieu, parce que le jugement vient bientôt, ou parce, tout simplement, vous allez bientôt mourir. A quoi alors vous mènera votre vie ? Et cette menace que le royaume sera divisé, nous interpelle : que vas-tu vas laisser sur terre ? Quelle sera ton œuvre, si ce n’est qu’une œuvre matérielle ? Si tu n’es que dans la dissipation, dans tous les sens du terme, alors tu ne laisseras rien. Que des miettes des lambeaux, des bribes, sans consistance n’accédant pas à l’éternité. Ce type de prédication n’est pas étrangère à l’Evangile : que l’on pense à la petite parabole donnée par Jésus du riche avec ses greniers : tu accumules, tu accumules, tu construits des greniers, et cela te mènera à quoi où puisque cette nuit même ta vie te sera redemandée ? A quoi te serviront tous ces greniers ? (Luc 12:15-21).


Le sens de l’histoire semble tellement clair d’après l’interprétation de Daniel qu’on pourrait douter pouvoir y trouver autre chose. Peut-être le message n’est-il que cela, et que la célébrité de cette histoire ne tiendrait qu’à son aspect théâtral et dramatique et pas tellement par sa profondeur de sens.

Mais pourtant, l’interprétation de Daniel laisse de graves questions non résolues incitant à ne pas en rester là.

D’abord, il a été remarqué, par nombre d’exégètes, qu’en fait, Daniel triche un peu en prenant les quatre mots comme des verbes. En fait ce sont des substantifs, il n’est donc pas vraiment écrit « compté, pesé divisé », mais mene, tekel, phares sont des noms de monnaie. Mene, c’est une mine (comme dans la parabole des mines de l’évangile de Luc), tekel, c’est le shekel, le sicle en français, et pharès, une demi-mine. Donc ce sont des valeurs d’argent, et quand les spécialistes demandent pourquoi les sages ne Balthasar n’ont pas su interpréter l’écriture, certains disent, que peut-être était-ce parce que c’était écrit en abréviations, comme s’il y avait le symbole €, $ ou £, donc ils ne comprenaient pas. Il est vrai que ces mots pris non pas comme des mots, mais comme des verbes prennent un sens, c’est ce que fait Daniel, mais le sens premier, c’est bien des noms de monnaies. Alors pourquoi Dieu met-il sous les yeux de Balthasar l’ensemble des monnaies qui existaient à l’époque ?

Ce peut être pour plusieurs raisons. Mais remarquons d’abord que cette main qui écrit, est une main envoyée par Dieu (Dan. 5:24), c’est donc la main même de Dieu, c’est Dieu. Or Dieu a déjà écrit des choses avec sa main, une seule fois en fait, ce sont les tables de la Loi dans l’Exode. Et ici, Dieu écrit quelque chose encore, mais pour le roi, comme s’il y avait une sorte d’ajout de la Loi qui ne concernait que lui. On pourrait alors penser que la loi du Sinaï, est une loi personnelle pour la propre vie de chacun, loi qui concerne tout le monde, le roi, quant à lui, a un devoir supplémentaire, une sorte d’exigence particulière du fait de sa position et qui vient de Dieu ; ce qu’on lui demande, c’est de gouverner, par conséquent de gérer matériellement le pays, donc les finances. C’est là pour lui un devoir religieux, il est responsable devant Dieu, comptable de l’argent de son royaume. Le marché, l’argent, les marchés ont leurs propres lois et il faut les admettre et faire avec. Et puis Daniel n’a pas tort, le deuxième sens qu’il donne aux quatre mots rappelle au roi qu’il faut que chaque fois qu’il fait quelque chose, il se demande aussi combien ça coûte, parce qu’il est aussi responsable de l’argent de son royaume pour l’utiliser au mieux. Et pendant qu’il fait la fête, les mines, les sicles et les shekels filent à toute vitesse, il dépense l’argent du peuple au lieu d’en faire bon usage. Cette idée d’une loi particulière pour le roi irait dans le sens de la pensée de Luther de la théologie des deux règnes : il y a le règne du spirituel, et le règne du monde. Le règne du monde est régi par ses propres lois, elles sont indispensables, mais ce ne sont pas des règles qui gèrent notre relation à Dieu. Il faut juste ne pas confondre les unes avec les autres, parce que sinon on risque de tomber dans la théocratie dont nous connaissons tous les ravages.

La mise en garde de Daniel vis-à-vis du fonctionnement matériel est aussi de voir que cet argent, il est compté, pesé et divisé, donc il n’est pas infini, il ne faut pas vouloir y trouver une sorte de gage de toute-puissance ni lui attribuer une importance qu’il n’aurait pas.

Et puis il n’y a pas là qu’une mise en garde, on peut trouver aussi dans cet épisode tel qu’interprété par Daniel une exhortation : dès que l’on est confronté à de l’argent, que l’on gagne, possède, ou dépense, nous devons toujours compter, peser et diviser : savoir quelle part on garde pour soi, quelle part on donne aux autres, et quelle part on réserve pour Dieu. Cela rejoint le commandement de la dîme dans l’ancien Testament qui consistait à prélever une part de tout ce que l’on possède pour le donner à Dieu avant d’utiliser le reste pour soi. Le pourcentage n’est pas forcément fixe... mais dans toute chose, ne pas chercher à posséder sans limite, ni dépenser de façon inconsidérée, mais toujours réfléchir à la part que l’on garde et à celle que l’on donne.

Cela peut faire penser à l’histoire de ce polytechnicien qui avait légué à sa mort une partie de sa fortune à la caisse des élèves de l’école, et il voulait que le revenu annuel de 100.000€ de ce fonds placé revienne chaque année à l’élève sortant 133e de l’école ce qui avait été son propre classement. La question des élèves était de savoir ce que l’heureux bénéficiaire ferait de cette somme. Certains insistaient pour que les élèves signent une promesse que celui qui la toucherait le ferait d’une manière tellement injuste et hasardeuse qu’il ne la méritait pas et donc devrait la reverser intégralement à la caisse des élèves pour la partager avec tous. Certains élèves s’adressèrent alors à l’aumônier pour lui demander ce qu’il ferait, s’il signerait l’engagement ou pas avec le risque, en ne signant pas, de passer pour un égoïste. A leur grande surprise, il leur dit que lui ne signerait pas et qu’il aurait gardé l’argent... Que le fait que ce soit une richesse imméritée ne changeait rien. Tout ce que l’on possède est en partie immérité, nous n’avons rien fait pour naître dans un pays riche plutôt que dans un pays pauvre, d’être en bonne santé plutôt qu’handicapé physique ou mental, d’être intelligent plutôt que bête, et travailleur plutôt que paresseux, sans compter ce que nous pouvons avoir par héritage... Certes, on fait des efforts, mais ils ne justifient pas tout. L’idée, c’est que tout ce que l’on possède, on doit le traiter de la même manière en se demandant quelle part on garde pour soi et quelle part on partage avec les autres. Tout garder n’est pas plus malin que de tout partager. Il n’y a pas à se dire cet argent je le mérite ou je ne le mérite pas, ce n’est pas la question. On me donne 100.000 euros, très bien, je le mets dans mon compte, et là je compte, je soupèse, et je divise ce que je garde et ce que je donne, comme pour tout le reste.


Mais ce n’est pas tout ! Ces quatre mots recèlent encore des questions irrésolues. D’abord, pourquoi y a-t-il deux fois « mene » au début : mene, mene, tekel, upharsin, compter, compter, peser et diviser, et pourquoi « pharsin » est au pluriel, pourquoi « des divisions » et non pas « une division ».

L’interprétation que donne Daniel est un peu rapide, personnellement je ne m’en serais pas satisfait, il oublie un des deux « mene » il dit juste « mene tekel phares », il ne prend que trois mots, il ne tient pas compte du redoublement du « mene » et il ne tient pas compte non plus du pluriel du dernier mot, mettant tout au singulier.

Cela a été l’objet de grandes discussions, de débats assez compliqués. Mettons que le redoublement de « méné » soit une forme d’insistance : le plus important, avant toute chose, c’est de compter et de compter, c’est la base. Il faut en effet commencer par prendre conscience des richesses que l’on possède pour pouvoir ensuite en faire quelque chose. Et il ne s’agit pas seulement d’argent, mais tout ce que l’on a reçu, des grâces de sa vie. C’est là-dessus que nous pouvons, ou devons construire toute notre existence. C’est ce que nous chantions quand on était scout : « Compte les bienfaits de Dieu, mets les tous devant tes yeux, tu verras, en adorant, combien leur nombre en est grand ». A partir de là, on peut peser, évaluer, voir ce que l’on va pouvoir en faire pour rendre grâces de façon intelligente, en rayonnant, répartissant auprès des autres.

Le grand psychanalyste Jacques Lacan va, lui aussi, s’intéresser à ces quatre mots écrits sur le mur du festin de Balthasar. Il y consacrera une partie d’un de ses séminaires. Il s’interroge d’abord sur la répétition du « méné ». Les psychanalystes sont particulièrement attentifs à ce qui est de l’ordre de la répétition dans une vie. Pour eux, quand il y a répétition, c’est qu’il y a quelque chose derrière qui n’est pas entendu, qui échappe. Ainsi, un rêve qui se répète, un TOC, ou la répétition d’un comportement d’une génération sur l’autre se fait tant qu’on n’a pas conscience de l’origine de ce que l’on répète. Et donc s’il s’agit de compter-compter, c’est qu’il y a quelque chose de pas facile à voir, de caché, et il faut sortir de cette répétition, essayer de comprendre, de prendre conscience, pour arriver à peser, voire l’importance cette cause qui échappait, afin de parvenir enfin à faire la part des choses (diviser). C’est toute la démarche analytique, qui est résumée là dans ces quatre mots. Mais c’est aussi un travail à faire dans toute vie, sans nécessairement faire une psychanalyse complète : rechercher ce qui, justement, se répète dans ma vie ou ce qui en est de plus constitutif, travailler à comprendre mieux pour essayer d’en faire quelque chose, et d’en faire le bon usage. Il y a un travail de compréhension, de discernement, de travail sur soi qui permet d’arriver à une attitude positive par rapport à sa propre existence.

Quant au pluriel de « pharsin », « les divisions », que Daniel ne prend pas en compte, puisqu’il dit juste « divisé ». Les divisions, les petits morceaux sont au pluriel peut-être parce qu’ils sont secondaires et de l’ordre du divers pur On aurait alors une progression décroissante. Le « mene » est deux fois comme la chose la plus essentielle et fondamentale, le « tekel » qui est au milieu, et le « pharsin » qui est au pluriel qui est le divers pur qui s’éloigne de l’unité originelle. Au départ, le « Mene mene », comme un double appel de vocation, ainsi que Dieu le fait pour les plus grands moments de ses serviteurs et à l’autre bout, les « pharsin » : les bricoles, toutes les petites choses qu’il y a nécessairement dans sa vie, il faut juste les laisser les de côté. Au milieu, il y a « tekel », peser. Or le poids est le plus essentiel, le poids, c’est la gloire qui se dit « Kavod » en hébreu et qui signifie au départ : « être pesant ». La gloire de Dieu, c’est le poids, l’importance. Voilà ce que nous sommes invités à chercher par-dessus tout : ce qui a du poids, ce qui pèse, ce qui a de la consistance, ce qui dure. Ca, c’est le centre, entre l’appel de Dieu et le divers de l’existence.


La question, enfin, que se posent les spécialistes, c’est pourquoi les savants de Balthasar n’ont-ils pas réussi à interpréter, et même à lire l’écriture sur le mur. La solution la plus scientifique est de dire qu’elle devait avoir été écrite dans des caractères qui leur étaient inconnus, peut-être de paléo-hébreu. Le Talmud dans le traité Sanhedrin 22 affirme que c’était écrit d’une façon codée, à l’envers, ou avec une substitution de lettres selon la méthode de l’atbash, ou encore que les mots avaient été écrits verticalement les uns à côté les uns des autres au lieu d’horizontalement. Cela pouvait faire qu’en essayant de lire les lettres dans le sens normal, cela ne voulait rien dire. C’est cette explication qui a été illustrée par Rembrandt, sans doute conseillé par un rabbin, dans son célèbre tableau.

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On y voit en effet les lettres mises toutes les unes à côté des autres comme dans un mot croisé, et même sans connaître l’hébreu, on peut remarquer que les deux premières colonnes de droite sont semblables, ce sont les deux « mene ». L’écriture de Dieu n’est donc pas évidente pour tout le monde, il faut être capable de déchiffrer la lettre sous la lettre. Cela ne peut que réjouir ceux qui défendent la nécessité de l’interprétation de l’Ecriture, et qu’il ne suffit pas de lire, il faut comprendre. C’est ce que dit également l’eunuque éthiopien quand il lit l’Ecriture. Philippe lui dit, « comprends tu ce que tu lis » (Actes 8:30), et lui répond : « comment comprendrai-je si personne ne me guide ? ». Il ne suffit pas de lire, il faut aussi comprendre. Et quand on parle dans nos milieux de « sola scriptura » (l’Ecriture seule a autorité), il ne s’agit pas d’être attaché à une lettre qui pourrait être sans signification, mais il faut comprendre et pour cela, peut-être lire dans un sens ou dans l’autre. Les mots ont une logique entre eux qu’il faut retrouver pour donner du sens. Donc l’interprétation est absolument essentielle à l’accès au sens de la lettre.

Le texte dit que Daniel peut interpréter parce qu’il a le support du Saint Esprit. Cela fait penser à Calvin qui affirmait que la Bible était parole de Dieu par « le témoignage intérieur du Saint Esprit ». Il s’agissait pas d’une sorte d’argument d’autorité invérifiable affirmant que la Bible est la parole de Dieu simplement parce qu’il le sent ainsi. Mais que la lettre ne suffit pas, qu’elle n’est que parole humaine, et qu’il faut la lire avec l’aide de l’Esprit pour qu’elle puisse devenir parole de Dieu en nous. La lettre seule en tout cas ne suffit pas, elle peut même être nuisible, ainsi que le dit l’apôtre Paul : « la lettre tue, mais l’esprit fait vivre » (II Cor. 3:6). Il faut lire à travers l’Esprit, le Saint Esprit est la clé de lecture du texte. Or l’Esprit de Dieu, c’est l’amour, la paix, l’accueil, le don, le pardon. Si notre lecture de la Bible, quel que soit le verset, va à l’encontre de cela, c’est que notre lecture est fausse.

Il en est de même pour lire sa vie, il faut savoir discerner les dons de Dieu, et parfois on ne les trouve pas au premier regard. Il faut bien chercher avec l’aide de l’Esprit tout ce qu’il y a de bon, de lumineux dans nos vies, trouver ses dons, les lieux de grâce, leur donner du poids pour pouvoir en suite rayonner, partager, diviser, et en faire profiter le plus grand nombre, ouvrant la voie à un royaume éternel qui ne sera jamais divisé, le règne de Dieu d’amour de paix et d’éternité pour nous et pour tous.

Louis Pernot

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Daniel 5

1Le roi Belchatsar donna un grand festin à ses grands au nombre de mille et il but du vin en présence de ces mille. 2Belchatsar, après avoir goûté au vin, ordonna d’apporter les vases d’or et d’argent que son père Neboukadnetsar avait enlevés du temple de Jérusalem, afin que le roi y boive ainsi que ses femmes, ses concubines et ses grands. 3Alors on apporta les vases d’or qui avaient été enlevés du temple, de la maison de Dieu à Jérusalem ; et le roi, ses grands, ses femmes et ses concubines y burent. 4Ils burent du vin et ils louèrent les dieux d’or, d’argent, de bronze, de fer, de bois et de pierre.
5A ce moment-là, apparurent les doigts d’une main d’homme, et ils écrivirent, en face du chandelier, sur le plâtre de la muraille du palais royal. Le roi vit cette extrémité de main qui écrivait. 6Alors le roi pâlit et ses pensées l’épouvantèrent ; les jointures de ses reins se relâchèrent, et ses genoux s’entrechoquaient. 7Le roi cria avec force de faire venir les astrologues, les Chaldéens et les devins ; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en donnera l’explication sera revêtu de pourpre, portera un collier d’or à son cou et aura la troisième place dans le gouvernement du royaume. 8Tous les sages du roi entrèrent ; mais ils ne purent pas lire l’écriture, ni en faire connaître l’explication au roi. 9Sur quoi le roi Belchatsar fut tout à fait épouvanté ; il pâlit et ses grands furent consternés.
10La reine, à cause des paroles du roi et de ses grands, entra dans la salle du festin et prit ainsi la parole : O roi, vis à jamais ! Que tes pensées ne t’épouvantent pas, tu n’as pas besoin de pâlir ! 11Il y a dans ton royaume un homme ayant en lui l’esprit des dieux saints. Et du temps de ton père, on trouva chez lui des lumières, de l’intelligence et une sagesse semblable à la sagesse des dieux. Aussi le roi Neboukadnetsar, ton père, l’établit chef des magiciens, des astrologues, des Chaldéens, des devins – c’était le roi, ton père – 12parce qu’on a trouvé chez lui, chez Daniel, nommé par le roi Beltchatsar, un esprit supérieur, de la science et de l’intelligence, la faculté d’expliquer les rêves, de déchiffrer les énigmes et de résoudre les questions difficiles ; que Daniel soit donc appelé, il donnera l’explication.
13Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel : Es-tu ce Daniel, l’un des déportés de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Juda ? 14J’ai appris sur ton compte que tu as en toi l’esprit des dieux, et qu’on trouve chez toi des lumières, de l’intelligence et une sagesse extraordinaire. 15On vient d’amener devant moi les sages et les astrologues, afin de lire cette écriture et de m’en faire connaître l’explication ; mais ils n’ont pas pu donner l’explication des mots. 16J’ai appris que tu peux donner des explications et résoudre des questions difficiles ; maintenant, si tu peux lire cette écriture et m’en faire connaître l’explication, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras un collier d’or à ton cou et tu auras la troisième place dans le gouvernement du royaume.
17Alors Daniel répondit en présence du roi : Garde tes dons pour toi, et accorde à un autre tes présents. Je lirai néanmoins l’écriture au roi et je lui en ferai connaître l’explication. 18O roi, le Dieu Très-Haut avait donné à Neboukadnetsar, ton père, la royauté, la grandeur, l’honneur et la gloire. 19A cause de la grandeur qu’il lui avait donnée, tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui. Le roi faisait mourir ceux qu’il voulait et il laissait la vie à ceux qu’il voulait ; il élevait ceux qu’il voulait et il abaissait ceux qu’il voulait. 20Mais lorsque son cœur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire, 21il fut chassé du milieu des humains, son cœur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on lui donna, comme aux bœufs de l’herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnaisse que le Dieu Très-Haut domine sur (toute) royauté humaine et qu’il y place celui qu’il veut. 22Et toi, Belchatsar, son fils, tu n’as pas humilié ton cœur, quoique tu aies connu tout cela. 23Tu t’es élevé contre le Seigneur des cieux ; tu as fait apporter devant toi les vases de sa maison, et vous y avez bu du vin, toi et tes grands, tes femmes et tes concubines ; tu as loué les dieux d’argent, d’or, de bronze, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient pas, qui n’entendent pas et qui n’ont pas la connaissance, et tu n’as pas glorifié le Dieu qui a dans sa main ton souffle et toutes tes voies. 24C’est pourquoi il a envoyé cette extrémité de main qui a tracé cette écriture. 25Voici l’écriture qui a été tracée : Mené, mené, téqel et parsîn. 26Et voici l’explication de ces mots. Mené : Dieu a compté ton règne et y a mis fin. 27Téqel : Tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé léger. 28Parsîn : Ton royaume sera divisé et donné aux Mèdes et aux Perses.
29Aussitôt Belchatsar ordonna de revêtir Daniel de pourpre, de lui mettre au cou un collier d’or et de publier qu’il aurait la troisième place dans le gouvernement du royaume.
30Cette même nuit, Belchatsar, roi des Chaldéens, fut tué.

Dan. 5