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Qui peut être baptisé ?

Le baptème de l'eunuque éthiopien en Actes 8:26-40

Prédication prononcée le 3 décembre 2023, au temple de l'Étoile à Paris,
par le pasteur  Louis Pernot

 

Qui peut être baptisé ou accueilli dans l’Eglise ?

Qui, aujourd’hui, peut être baptisé ? Qui doit-on laisser la possibilité de professer sa foi dans notre Eglise ? La question n’est pas si simple, d’autant que nous avons aujourd’hui beaucoup de demandes diverses, et il y a une question de discernement pour savoir qui accueillir et quelles conditions imposer pour cela ?
Les deux questions sont en fait différentes.

Qui peut être accueilli dans l’Eglise ? Aujourd’hui pour pouvoir être membre officiellement de notre paroisse membre de l’Eglise Protestante Unie, il suffit de le demander en reconnaissant que « Jésus Christ est le Seigneur ». Il n’est même pas demandé d’être baptisé ! Bien sûr il ne s’agit là que de formalités et tout le monde est bienvenu dans l’Eglise sans aucune question. Quant à la confession de foi minimale qui est demandée pour être admis comme membre « électeur », on peut la discuter. Celle qui est statutaire est la confession de foi historique des premiers siècles. Mais on peut penser que cette formule n’est pas la meilleure. Elle n’évoque qu’une relation hiérarchique avec le Christ. Il est vrai qu’il est notre Seigneur, celui qui nous protège et que nous voulons servir, mais Jésus lui-même a dit : « je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Il manque donc cette dimension de proximité que le Christ nous offre par grâce. On pourrait la compléter en disant : « je crois que jésus Christ est mon seigneur et mon frère », ce qui est déjà mieux. Ou trouver une autre formule plus concise, la meilleure étant sans doute : « Je crois en Dieu par Jésus Christ ». Confession de foi chrétienne la plus minimale et essentielle que l’on puisse imaginer.

Après il est difficile de juger de la qualité de la foi, de la connaissance biblique de chaque candidat. En fait notre foi est toujours insuffisante, sommes-nous jamais prêts vraiment à dire notre confiance totale en Jésus Christ ? La profession de foi n’est pas un label de foi parfaite, mais plutôt une expression de bonne volonté de vouloir se mettre à l’écoute de l’annonce de la grâce. Ainsi même nos catéchumènes arrivant à l’âge de la confirmation peuvent être accueillis dans l’Eglise même si leur foi est très imparfaite ou embryonnaire.

Pour le baptême, la question est plus compliquée. Notre baptême d’aujourd’hui n’est pas totalement équivalent à celui dont il est question dans le livre des Actes. Pour nous aujourd’hui, le baptême est un sacrement, ce qui veut dire « signe visible de la grâce invisible ». Le baptême dit donc la grâce, l’amour de Dieu qui sont offerts à celui qui le reçoit. C’est pourquoi nous baptisons des bébés, ce sont les parents qui veulent donner un signe d’amour inconditionnel et de grâce sur leur enfant. Le baptême d’un enfant ne fait pas de lui un chrétien (pour être chrétien il faut pouvoir professer sa foi), mais il dit la foi des parents en la grâce de Dieu qui est offerte à leur enfant. Ainsi disons nous que la grâce de Dieu précède la foi, et Dieu n’attend pas que nous le connaissions pour nous aimer. Aujourd’hui, quand nous baptisons un adulte, nous lui demandons s’il accepte de recevoir ce signe de la grâce, puis s’il veut répondre à cette grâce en professant sa foi.

Bien sûr tout de même, quand un adulte demande à être baptisé ou à professer sa foi, nous essayons de valider tout de même deux choses. D’abord que ce geste est fait dans une communauté particulière, et représente une forme d’accueil dans cette communauté. Il faut donc s’assurer que la personne sait où elle met les pieds, si elle sait ce que l’on y prêche et partage, et si elle s’y retrouve. Et d’autre part, si cette demande n’est pas une sorte de fantasme ne reposant sur aucune connaissance objective ni de l’Eglise, ni de l’Evangile.

C’est ainsi qu’il m’est arrivé même il y a peu de baptiser un incroyant ! Un jeune homme avait besoin d’un certificat de baptême pour une démarche dans un pays lointain. Non baptisé et sans culture religieuse, il se considérait comme agnostique. Ayant lu mon « Christianisme pour le XXIe siècle » il s’y est trouvé plutôt en sympathie. En ce qui me concerne, répugnant à faire un faux certificat, je lui ai proposé de le baptiser, mais sans qu’il confesse sa foi. C’est ce que nous avons fait, en compagnie de ses proches un dimanche matin juste avant que le culte lui-même ne commence. J’ai dit devant cette petite assemblée que je pensais que mon invité était aimé, et sous la grâce inconditionnelle de Dieu, et je l’ai baptisé. Il en a été ému. Après tout pourquoi pas. Il aurait pu avoir été baptisé bébé tout en étant aujourd’hui incroyant, et il était aujourd’hui comme un enfant dans la foi. Et pourquoi ne pas dire la grâce de Dieu sur un incroyant ? Je crois que cette grâce n’est refusée à personne, et même un athée sous l’amour de Dieu.

Le baptême de l’eunuque éthiopien

Mais pour en revenir au texte biblique lui-même, nous avons l’exemple dans le livre des Actes d’un baptême très intéressant : l’eunuque éthiopien baptisé par Philippe en Actes 8 :26-40. L’eunuque demande à Philippe : « qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé », et la réponse, c’est : rien. Il suffit qu’il y ait de l’eau ! Et Philippe le baptise.

Pourtant, la chose n’allait pas de soi, il y avait bien des obstacles à ce baptême.

D’abord l’eunuque rentre chez lui en Ethiopie, il ne sera donc évidemment pas un fidèle de la communauté de Jérusalem. Peut-on donner le baptême à quelqu’un qui ne sera évidemment pas paroissien ? Pour Philippe, cela ne semble pas un problème. L’eunuque est étranger, il vient de loin, ne restera pas là... mais il a fait la démarche de s’approcher, et avec sa Bible il n’y a pas d’obstacle ni de distance qui compte en les frères et les sœurs. Et ce n’est pas la pratique concrète dans un lieu qui compte, mais la communion d’esprit avec le ressuscité.

Ensuite, il s’agissait d’un eunuque, or dans la religion juive de l’époque, les eunuques étaient tout-à-fait rejetés. Ils ne pouvaient entrer dans le temple, il étaient traités d’ « arbres secs », ils étaient méprisés, ne pouvant avoir de descendance et n’étant pas vraiment des hommes. Mais ces convenances sociales et religieuses ne semblent pas des obstacles pour Philippe. Dieu accueille tout le monde, et nos Eglises devraient en faire de même, et nous pouvons offrir tous nos sacrements à ceux qui le demandent, même à ceux qui ne sont pas bien vus par la société ou la religion institutionnelle.

Et puis il faut dire que ce baptême a été préparé bien rapidement. Aujourd’hui, quand quelqu’un demande à être baptisé, la plupart des Eglises demandent une catéchèse, des entretiens, des réunions, et souvent une longue période de formation. Là la discussion a dû durer quelques heures au maximum, en tout cas cela a été très rapide. Trop rapide ? Philippe n’a pas l’air de le considérer.

On pourrait continuer en disant que selon la discipline même de l’Eglise Protestante Unie, on n’est pas supposé donner le baptême sans la présence de la communauté, normalement il faudrait le faire pendant un culte, et en tout cas pas en dehors du temple. Un pasteur qui se comporterait comme Philippe donnant rapidement un baptême à quelqu’un qui le demande, en privé et en plein air serait remis à l’ordre rapidement par son institution ! Et alors ? La grâce de Dieu dépend-elle de nos disciplines ecclésiastiques ?

Et puis surtout sa confession de foi peut sembler un peu minimaliste. Il dit : « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu ». Les défenseurs rigoureux de la foi chrétienne trouvent que cette confession de foi est insuffisante : il ne dit pas croire dans la divinité du Christ, et encore moins dans la Trinité. On peut au contraire trouver qu’il y a là une belle expression de la foi chrétienne minimale : Jésus Christ, son lien avec Dieu qui est d’être fils, ce qui peut s’entendre de diverses manières, dont comme lien spirituel.

Alors on pourrait s’arrêter sur cela et dire : peu importe la forme, l’essentiel, c’est qu’il ait la foi, comme lui dit Philippe : « si tu crois de tout ton cœur ». On pourrait penser que c’est là ce qui peut justifier la démarche : « croire de tout son cœur », la foi, la sincérité et la profondeur de la foi qui validerait l’acte, et le fait que l’eunuque confesse sa foi. Mais il semble qu’il faille aller encore plus loin dans l’ouverture. En effet, ce verset 37 où on trouve ce court dialogue est absent de tous les manuscrits les plus anciens. D’ailleurs les Bibles modernes mettent le verset entre crochets pour signaler qu’il a été, de l’avis de tous les spécialistes, ajouté au 2e ou 3e siècle. Dans le texte original donc, Philippe ne demande rien à l’eunuque, et l’eunuque ne professe même pas sa foi. Il sera donc baptisé sans avoir à rendre compte même de sa foi ou de ses croyances. Ce n’est qu’un peu plus tard, quand l’Eglise a commencé à s’organiser que sans doute on a trouvé que c’était insuffisant. On a donc voulu ajouter la condition de la foi « de tout son cœur », et de la profession de foi minimale qui devait être celle de l’Eglise avant les développements trinitaires plus tardifs encore. Et ces mêmes développements ont pensé qu’il était ennuyeux qu’il ne soit pas fait mention de l’esprit saint dans ce baptême. Ils ont alors ajouté encore autre chose au verset 39, au lieu de mettre : « l’esprit du Seigneur enleva Philippe », ils ont écrit : « l’Esprit saint tomba sur l’Eunuque et un ange du Seigneur enleva Philippe » comme s’il fallait qu’un baptême d’eau s’accompagne du « baptême du saint esprit » mentionné par ailleurs dans les Actes, c’est-à-dire d’une expérience mystique profonde.

Mais dans notre texte original donc cela n’était pas, il n’y avait pas besoin apparemment que sa foi soit parfaitement adéquate à la doctrine officielle, ni que cette accueil dans l’Eglise ou cette réception du baptême s’adjoigne d’une expérience extatique ou mystique considérable.

Ce que l’on voit donc, c’est un baptême sans grande catéchèse, sans dimension communautaire, sans confession de foi et sans mention de l’Esprit. La seule raison qui semble faire en sorte que Philippe puisse lui donner le baptême est que l’Eunuque le demande. Il n’y a alors rien « qui empêche » qu’il soit baptisé.

On peut penser ainsi que l’Eglise est là pour accueillir tout le monde, sans avoir à se porter juge de la foi du candidat, de sa doctrine, ni même de la qualité de son expérience spirituelle. Tout le monde n’est pas un grand mystique, et on peut faire partie de l’Eglise sans pour autant expérimenter la réception du Saint Esprit. Et l’Eglise doit être ouverte à tous ceux qui veulent en faire partie sans avoir à prétendre juger ou discerner la qualité des arguments. Dieu lui-même agit ainsi : « Je ne mettrai pas dehors quiconque vient à moi » (Jean 6 :37) dira dans le même sens le Christ.

Lire et interpréter la Bible

Reste que cette demande de l’eunuque provient de sa lecture de la Bible, d’une découverte de Dieu, du Christ, de la puissance de l’Ecriture, et surtout que celle ci est une « bonne nouvelle » pour lui.

Au départ en effet il lit la Bible, ce qui est très bien et la cause première de tout. Et il fait, dans cette activité, preuve d’une persévérance exemplaire. Il dit ne pas comprendre ce qu’il lit, mais il en est déjà au chapitre 53 du livre d’Esaïe. Il a donc lu 52 chapitres sans rien en comprendre ou rien en retirer pour sa vie. Mais cette lecture n’a pas été pour rien. La Bible est difficile à lire, et on ne comprend pas tout, souvent on lit mais sans avoir l’impression d’y trouver grand-chose de passionnant, mais il faut persévérer et un jour un passage, ou l’ensemble devient source de vie nouvelle. Ce qui va l’aider, c’est une rencontre, et une bonne question : « de qui parle ce texte ? ». C’est la meilleure question qu’on puisse poser.

Et puis l’eunuque semble manquer de confiance en lui. Il a bien étudié, il connaît les interprétations traditionnelles juives du passage qu’il lit et qui évoque ce serviteur souffrant, méprisé, rejeté et finalement relevé par Dieu. Il sait qu’il se peut qu’Esaïe parle de lui-même, (mais alors quel intérêt à le texte ?), ou qu’il s’agisse du « reste » du peuple juif réduit à rien, ou de quelqu’un d’autre qui pourrait être Jésus ? Mais il n’ose pas sa propre interprétation, et encore moins penser qu’il puisse s’agir de lui-même.

Il veut qu’on le guide. C’est une bonne idée, ou mauvaise... C’est bien parce qu’on ne peut pas lire la Bible ou être chrétien tout seul, on a besoin des autres pour avancer, il est bon de confronter sa lecture avec celle d’autres, son expérience avec d’autres, il est bon de questionner, dialoguer, interroger, réfléchir, et tout seul on se trouve vite bloqué. Mais ce qui est dommage donc, c’est qu’il n’ose pas sa propre lecture, il reste dans l’idée qu’il faut que quelqu’un d’autorisé, une autorité l’éclaire, lui explique ce qu’il doit croire, lui donne la solution du texte, alors que ce n’est pas la peine. Le texte est un texte qui parle à chacun, et c’est à chacun de comprendre ce que ce texte peut lui dire à lui.

C’est le sens de la question de Philippe : « comprends-tu ce que tu lis ? ». Cette simple question en dit beaucoup sur le rapport à l’Ecriture. Cela signifie que ce texte biblique, il n’est pas à croire tel quel, ni à appliquer, mais à comprendre. On est donc dans un rapport non fondamentaliste à l’Ecriture, le texte n’est pas explicite en lui-même, il demande une interprétation. Tout texte n’a de sens que s’il est interprété, compris par quelqu’un, le texte n’a pas un sens autonome et univoque qu’il faudrait juste relever, il est la base d’un travail intellectuel visant à comprendre ce qu’il dit au delà du texte lui-même. C’est la démarche que nous avons dès l’Ecole biblique avec les enfants. Quand nous lisons un texte biblique avec eux, nous leur posons toujours la question : « et maintenant, qu’est-ce que cela veut dire pour vous ? » autrement dit : « quel sens cette vieille histoire peut-elle avoir pour nous aujourd’hui et maintenant ? ».

Puis Philippe va lui parler. On ne sait pas ce qu’il lui dit précisément, curieusement, le texte n’explicite pas le discours ou l’enseignement de Philippe. Tout ce qui est dit, c’est : « Partant de ce texte Philippe lui annonça la bonne nouvelle de Jésus ». A première lecture, on pourrait penser que ce que va lui expliquer Philippe, c’est que ce texte d’Esaïe, en fait, ne parle ni du prophète lui-même ni du peuple, mais du Christ, le serviteur souffrant, le Messie faible... Mais non, ce n’est pas ça. Dire que l’Ecriture parle d’un certain Jésus qu’il n’a jamais rencontré ne ferait pas pour l’eunuque une « bonne nouvelle ». Ce que lui montre sans doute Philippe, c’est que tout ce texte est une « bonne nouvelle » pour lui, l’eunuque rejeté de partout, lui, « l’arbre sec » condamné à ne pas avoir de descendance. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un sauveur pour lui, un Christ qui est venu comme lui rejeté de tous, mais accueilli par Dieu, ouvrant la voie à l’accès au Royaume de Dieu même pour les exclus et les petits, ceux qui ne sont pas considérés par les grands de ce monde ni par les religions établies.

La découverte de l’Eunuque, ce sera donc une autre voie à laquelle il n’avait pas pensé : ce texte ne parle essentiellement ni du prophète lui-même, ni du peuple juif, ni seulement de Jésus Christ, mais de lui, l’eunuque en train de lire le texte. Sans doute n’osait-il pas penser que ce texte saint parle de lui, le considère lui, pourtant il comprend que ce passage : « Dans son humiliation, son droit a été supprimé, et sa génération, qui la racontera ? Car sa vie est supprimée de la terre » parle exactement de sa propre situation : il est humilié, il n’a pas de génération et il est condamné à mourir sur terre sans rien transmettre. Il peut s’identifier au texte et ainsi à la bonne nouvelle qui suit dans le même prophète, et qu’on voit le plus explicitement un peu plus loin : « Que l’étranger qui s’attache à l’Eternel ne dise pas : L’Eternel me séparera de son peuple ! Et que l’eunuque ne dise pas : Voici, je suis un arbre sec ! Ainsi parle l’Eternel : ... je les amènerai sur ma montagne sainte, je les réjouirai dans ma maison de prière... Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples ! » (Ésaïe 56:4-7).

Voilà la bonne nouvelle, la bonne nouvelle de Jésus, c’est aussi la mienne, c’est celle de la communauté, c’est cette parole qui me touche et m’offre la vie. Cette histoire de la Bible, ce n’est pas une histoire extérieure, elle ne nous met pas spectateurs d’une bonne nouvelle pour d’autres, mais elle est mon histoire. Voilà la règle fondamentale d’interprétation de la Bible, penser que tout texte parle de soi ici et maintenant. Chacun doit se demander où il est dans le texte et ce que ce passage lui dit. C’est pourquoi le livre des Actes ne précise pas le discours de Philippe à l’Eunuque, on comprend à peu près en quoi ce passage a pu le toucher, mais pour nous (qui sommes sans doute dans une autre situation que lui), l’appropriation du texte se serait fait autrement. Aucun texte n’a une seule explication, mais toujours entre en dialogue avec celui qui lit.

Le geste du baptême

Cette découverte a sans doute été essentielle pour l’eunuque, et lui a donné envie de se faire baptiser. Et c’est un beau geste.

A l’époque, le baptême se faisait par immersion, le baptisé devait être plongé entièrement dans l’eau. Ainsi sans doute ressent-il le besoin que cette bonne nouvelle ne reste pas seulement une idée extérieure, mais il veut s’y plonger tout entier. Ou encore veut-il ne pas rester à une compréhension intellectuelle du message, mais le vivre concrètement, entièrement avec tout son corps, en faite une expérience complète. Le baptême en effet n’est qu’un signe, une façon d’exprimer quelque chose que l’on ressent de vivre avec son corps ce que l’on comprends intellectuellement.

Et Philippe n’a aucune objection à cela, heureusement. Comment l’Eglise pourrait-elle être un obstacle à celui qui veut avec sincérité exprimer qu’il y a dans l’Ecriture une bonne nouvelle qui le concerne et qu’il s’y sent invité ?

L’eunuque ainsi sera baptisé, Philippe lui dira concrètement que toute sa vie est plongée dans cette bonne nouvelle de l’Ecriture, et qu’il est invité sur cette voie de vie et de joie qu’a ouverte le Christ. Car l’eunuque va continuer son chemin, mais d’abord Philippe va disparaître. Le chrétien est appelé à être adulte, il peut cheminer à sa manière, sans que forcément quelqu’un lui explique sans cesse ce qu’il doit croire, faire ou comment il devrait interpréter l’Ecriture. L’éthiopien a compris qu’il était libre et autonome dans sa foi, qu’il était plongé dans cette réalité de la grâce offerte à tous que nous a révélé Jésus Christ. Il n’a donc plus besoin de Philippe. Et il n’a pas besoin non plus de changer son chemin. L’Ecriture ne nous demande pas d’être différents de ce que nous sommes, chacun a sa propre route, chacun vit là où il vit, ce qui change, c’est la manière avec laquelle on fait ce chemin et comment l’on vit cette vie qui nous est donnée.

Ensuite, le texte nous dit que l’eunuque continue tout « joyeux ». C’est ça l’essentiel, l’eunuque a découvert cette Bible, il a découvert qu’il y avait là une bonne nouvelle pour lui, et il peut continuer son chemin avec en plus la certitude qu’il est accompagné par une bonne nouvelle que quel que soit son chemin il est accueilli, une vie lui est donnée et que son existence même peut avoir une forme de fécondité qui peut remplir de joie.

A la base, il est dit que l’eunuque était ministre des finances de la reine, il était donc très très riche, et il se déplace dans un char ce qui était un luxe rare quand tout le monde marchait à pied. Mais il va trouver un autre trésor qui va lui changer la vie. Ca ne va pas changer sa situation, ni son métier, il ne va pas tout vendre pour devenir ermite ou pèlerin mendiant. Mais il va être transformé intérieurement, découvrant ce qui lui manquait : la joie. Et il pourra ainsi être là où il va une source de joie, de vie et d’espérance.

Louis Pernot

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Actes 8;26-40

26Un ange du Seigneur adressa la parole à Philippe : Lève-toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert. Il se leva et partit. 27Et voici, un Éthiopien, un eunuque, haut fonctionnaire de Candace reine d’Éthiopie, et le surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer, 28et il s’en retournait, assis sur son char, en lisant le prophète Ésaïe. 29L’Esprit dit à Philippe : Avance, et rejoins ce char. 30Philippe accourut et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? 31Il répondit :A Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter s’asseoir avec lui.
32Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci :
Il a été mené comme une brebis à l’abattoir ;
Et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Il n’ouvre pas la bouche.
33Dans son humiliation, son droit a été supprimé,
Et sa génération, qui la racontera ?
Car sa vie est supprimée de la terre.


34L’eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même, ou de quelque autre ? 35Alors Philippe ouvrit la bouche et, commençant par ce texte, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus.
36Comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à un point d’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? 37[Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L’eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.] 38Il ordonna d’arrêter le char ; tous deux descendirent dans l’eau, Philippe ainsi que l’eunuque, et il le baptisa. 39Quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, alors que, joyeux, il poursuivait son chemin.

 

Actes 8:26-40