Skip to main content
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant

par Louis Pernot (septembre 2014)

 

 

Dans l’Evangile, il y a un passage célèbre où Jésus accueille des petits enfants (Luc 18:14ss), il montre ainsi que chacun a sa place dans l’amour de Dieu et dans l’Eglise, grand ou petit (dans tous les sens du terme), mais il va aussi plus loin en disant qu’il faut prendre exemple sur eux : « quiconque ne recevra le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas... »

Chacun a ses idées sur les qualités fondamentales de l’enfant que nous devrions avoir, en voici quelques unes.

 

1. L’enfant innocent et pur.

L’idée la plus habituelle est celle que l’enfant est innocent et pur. Le petit bébé en effet n’a fait encore aucun péché et ne cherche pas le mal. Mais c’est une fausse piste et ce serait contradictoire avec le reste de l’Evangile. Le Christ dit que le Royaume de Dieu est ouvert aux pécheurs, que lui-même est venu non pas pour les bien-portants, mais pour les malades. Il n’y a pas besoin d’être pur pour entrer dans les Royaume, juste d’accepter la grâce.

 

2. Accepter la grâce.

Et ce peut être précisément une piste : l’enfant accepte ce qui lui est donné avec simplicité, naturel, sans sentiment de culpabilité pour ce don qu’il ne mérite pas, et juste en restant dans une relation d’amour.

 

3. L’enfant n’est rien.

Et justement dans l’antiquité, l’enfant n’avait à peu près aucune valeur, il en mourait beaucoup, il n’avait aucun droit, et il était dans la société moins qu’un serviteur. Ce peut être ça la qualité cherchée, c’est de ne pas en avoir !

Accepter le Royaume comme un enfant, c’est l’accepter comme un don, justement sans que nous n’ayions aucun mérite, aucune qualité justifiant d’y avoir droit.

 

4. L’enfant est dans la simplicité

L’enfant sais qu’il n’a rien, mais il est dans la simplicité de la relation. Peut-être que nous nous posons parfois trop de questions, la théologie est bonne, mais il faut l’oublier pour ensuite se laisser aller à une relation simple avec Dieu.

 

5. L’enfant est dans la confiance

Avoir foi, c’est se fier, avoir confiance. On peut faire confiance à Dieu comme l’enfant sait que son père ou sa mère ne le laisseront jamais. Mais il faut, bien sûr, que cette confiance ne soit pas absurde, et notre responsabilité d’adulte est de ne pas attendre de Dieu autre chose que ce qu’il est dans sa nature de donner !

 

6. L’enfant est en croissance

L’enfant découvre, apprend, observe, progresse, il sait aller de l’avant, changer, se renouveler. Cette curiosité d’esprit, elle est essentielle et nous devons la conserver si nous voulons ne pas nous scléroser, mais être toujours en marche, seul moyen d’entrer dans le Royaume. Comme le dit Paul, même si notre être extérieur se dégrade, notre être intérieur peut se renouveler de jour en jour. (2Cor. 4:16)

 

7. Ne pas faire, mais être

L’enfant n’est pas aimé pour ce qu’il parvient à faire, mais parce qu’il est. Notre amour pour nos enfants démontre l’absurdité de la théologie des œuvres, c’est la moindre des choses que de penser que l’amour de Dieu n’est, pour nous, pas moindre que celui que nous avons pour nos enfants, et que son accueil n’est pas conditionné par ce que nous avons fait ou ce que nous faisons.

 

8. Ne pas avoir, mais aimer et être aimé

Les enfants, en fait, nous montrent la vraie valeur d’un être. Un enfant n’a rien de ce après quoi nous courrons tous plus ou moins. Il n’a pas de diplôme, il ne peut pas se prévaloir de réussite sociale ou professionnelle, il ne possède pas de légion d’honneur, ni de poste important, ni de pouvoir, ni d’influence, tout petit, il n’a même pas d’autonomie, il ne marche pas, ne parle pas... Pourtant nous l’aimons et le considérons comme l’élément le plus important, comme valant plus que tout. Cela montre que la valeur d’un être est sans rapport avec ce qu’il fait ou ce qu’il possède, elle est intrinsèque, dans le seul fait d’être aimé et d’aimer.

 

9. Et enfin, chute inattendue

On peut lire le commandement à l’envers de l’habitude : quand Jésus dit qu’il faut « accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant », nous avons entendu : « comme un enfant le ferait », mais on pourrait entendre : « comme on accueille un enfant ». Or il est vrai qu’accueillir un enfant dans une famille est toute une histoire, à la fois d’amour et de vie, mais qui demande aussi d’être capable de faire de la place à un autre que soi, c’est accueillir une réalité autre qui propulse dans une dimension nouvelle, une réalité extérieure à nous qui est appelée à grandir, pleine de germe de vie, c’est une réalité qui nous dérange un peu, certes, mais qui produit un immense bonheur. Le Royaume de Dieu, c’est tout pareil, c’est la source d’une immense joie, et d’une vie qui nous dépasse.

 

Louis Pernot