Skip to main content
56, avenue de la Grande-Armée, 75017 Paris

Pourquoi "il s'appellera Emmanuel" alors que son nom sera "Jésus"?

Pourquoi au début de l’évangile selon saint Matthieu, la prophétie dit que le fils de la vierge sera appelé Emmanuel?

Comment il faut lire le nouveau testament ? Comme un roman ? ?

Evidemment, il ne faut pas lire l'Evangile comme un roman, c'est un texte théologique, pas historique. Mais s’appuie quand même sur des événements historiques racontés tels qu'ils ont été vécus, ou compris par le sens qu'ils pouvaient avoir, et ainsi parfois sans doute un peu arrangés, ou avec une dimension subjective qui n'est pas de l'ordre de l'historicité objective.

Pour cet « Emmanuel » anoncé (Matthieu 1:23) (et qui ne correspond pas à la réalité puisque l'enfant s'appellera en fait "Jésus", deux explications.

Une explication iconoclaste: Matthieu a l’obsession de montrer que la venue de Jésus était prévue par l’ancien Testament avec le leitmotiv: « comme il était annoncé dans les écritures »… Sans doute pour essayer de racoler les juifs: vous aimez l’ancien Testament, alors vous devez logiquement accueillir le Christ Jésus. Mais là il se trompe. Il cite une prophétie, et en fait, ça ne marche pas du tout. L’enfant ne s’appellera pas du tout Emmanuel mais Jésus… Mais bon, on garde quand même, parce qu'il est question d'une vierge (ou littérallement en hébreu simplement d'une "jeune fille") qui enfante un enfant extraordinaire et messianique.

Une explication théologique: les noms en hébreu ont une signification et le sens est plus important que la forme extérieure même du nom. Ainsi, « Emmanuel », « Immanou-El » en hébreu, ça veut dire « Dieu est avec nous ». Et Jésus ce sera bien ça: il donne la présence de Dieu. C'est d'ailleurs bien ce que dit Matthieu qui traduit le nom en le donnant. De même « Jésus » = « Ié-Shouah » ça veut dire « Dieu sauve ». Et là Matthieu ne traduit pas le nom de « Jésus » en mais il dit: « car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matt. 1:21). Le « car » suppose bien que le sens du nom de « Jésus » était évident pour ses lecteurs.

Louis Pernot